Personnages

Pierre Yves Peurois

Responsable pôle Médias
& Influenceurs de la CEF

Comment un missionnaire en Asie s'est-il retrouvé propulsé à la tête du pôle Médias & Influenceurs de la Conférence des Évêques de France créé à la rentrée 2022 ? Pendant 5 ans, il était chargé de la communication du volontariat MEP (Missions Étrangères de Paris) en Asie. Puis, en moins d'un an, il s'est installé à la direction de la communication de la CEF. D'abord 10 mois dans le pôle éditorial dont il gérait l'image et l'animation numérique, puis enfin en tant que responsable.

Son air amical et enthousiaste ainsi que son grand sourire, assortis à sa tenue sobre, en donnent l'image du parfait communicant. Loin d'être juste un homme de paille, il a beaucoup d'ambition pour son nouveau pôle. Son réseau se construit d'abord avec les influenceurs catholiques mais il espère toucher (l')au-delà.

Frère Paul-Adrien
d'Hardemare

Le Squeezie des Cathos

Prêtre du couvent d'Evry-Courcouronnes, il lance sa chaîne Youtube en Octobre 2019. Si son succès est très modeste pour commencer, le confinement passe par là et le prêtre voit sa popularité exploser. 160 000 abonnés sur Youtube, plus de 30 000 sur Instagram, les chiffres le placent parmi les leaders de cette nouvelle tendance.

Un statut qu'il entend consolider. Entre grandes messes in situ à Paris, tournée de prédication itinérante dans toute la France et Nuit des Influenceurs, le Frère Paul-Adrien d'Hardemare prend de l'espace au centre de la toile de l'Internet catholique. Et ce n'est que le début, promet-il. Il a même reçu par son ordre des Dominicains la mission d'évangéliser le continent numérique depuis l'été 2020. Un statut unique parmi les influenceurs français. Très attaché à la doctrine et empreint d'un discours conservateur, il trouve les faveurs et les deniers de l'extrême-droite française. Ce qui lui permet d'accélérer son expansion.

Robert Scholtus

Le Curé du minitel

Comme il le dit si bien, « je viens du siècle dernier » plaisante ce prêtre ordonné en 1974. Curé de l’Église Saint-Maximin à Metz, l’homme de 72 ans ne connaît pas les réseaux sociaux. Pour autant, il a son mot à dire, bien aidé par sa connaissance d’une institution dont il a été un membre éminent en tant qu’ancien supérieur du séminaire universitaire des Carmes à l’Institut catholique de Paris.

Figure reconnue pour ses ouvrages également, c'est avant tout un grand explorateur, lui qui a lancé l'utilisation du minitel dans son diocèse messin. Si cet ancêtre de l’ordinateur a depuis fait son temps, le curé garde son enthousiasme pour la découverte et encourage celle du continent numérique. 

Renaud Laby

Celui qui n'y croit pas

Un débit de parole aussi impressionnant que ses références sont précises, Renaud Laby est une pointure lorsqu’il s’agit de parler de la communication de l’Église. Et pour cause, le cinquantenaire possède les deux casquettes : prêtre au diocèse du Mans et doctorant en sciences sociales des religions et de théologie. Ancien vicaire puis curé, il a finalement repris ses études en 2012 et entamé un double master.

Le temps de la recherche n’étant pas aussi rapide qu’Internet, sa thèse actuelle porte sur les blogueurs religieux, désormais remplacés par les influenceurs. Ce qui ne l’empêche pas de porter un avis plutôt critique sur ces derniers. Attaché à la théologie, sans renoncer à la modernité, le Manceau n’hésite pas à doucher l’optimisme général. Il est aussi peu convaincu par les conversions en ligne que par la méthode numérique employée pour annoncer l’Évangile.

Père Aymar
de Langautier

Ni youtubeur, ni influenceur

Ordonné depuis 2 ans dans la paroisse de Balma, en banlieue toulousaine, ce prêtre de 30 ans dit fièrement appartenir à « la nouvelle génération »,  face à la « frange de l'église un peu soixante-huitarde ». Grand consommateur des vidéos de youtubeurs tels que Mcfly et Carlito, il n’hésite pas une seule seconde en proposant à Tibo InShape de venir découvrir son quotidien.

Fort du million de vues offert par cette collaboration inattendue, il se lance alors dans un rythme d’une vidéo par mois pendant un an. Mais l’habit ne fait pas le youtubeur, ce dernier ne se considérant pas comme tel dans sa relation avec ses abonnés ou le contenu proposé. Débordé par la charge de travail, il stoppe finalement les vidéos mais continue d’alimenter un compte Instagram, toujours sans se considérer comme un influenceur pour autant.

Père Matthieu

Seul en tête

1,1 million d'abonnés sur TikTok. Aucun influenceur, qu'il soit prêtre ou laïc, n'a l'impact de ce curé de la paroisse de Joigny (89). Pourtant, le Père Matthieu Jasseron est mis au ban de ce microcosme d'influenceurs catholiques. La faute à des prises de positions dissonantes de ses confrères et parfois de la doctrine sur des grands tabous du catholicisme comme l'homosexualité ou le diable.

Le curé de 37 ans se veut témoin d'une église ouverte à tous et délivre un message progressiste, orienté vers les non-croyants. Ce qui ne plaît pas à tout le monde.

Pas rancunier ou moins ambitieux pour autant, il a lancé au début du Carême 2023 « le Netflix de la foi » : Théostream. Un site créé et maintenu par ses soins qui recense plus de 1 100 vidéos. Le Père Matthieu annonce même une curation fait-main et fait-maison qui promet un panachage des différentes nuances de l'Église. Le but : « Apporter des nuances à un milieu qui n'en a pas ».

Nuit des influenceurs

La Grande Cène

Le vendredi 23 septembre 2022 au 58 avenue-de-Breteuil à Paris, c'est le grand gala de la crème des influenceurs catholiques. Le Frère Paul Adrien d'Hardemare a convié ce soir-là 50 influenceurs, 30 journalistes et des représentants d'agences de communication, de marques et de la Conférence des Évêques de France pour un événement de networking XXL quasi-inédit dans le monde. 

L'occasion d'une démonstration de force de ces évangélistes 2.0 qui a permis à chacun de tisser des liens et sa toile. L'ambiance est à la bonne intelligence et fera même naître un réseau de 21 influenceurs prêts à travailler ensemble. Pour nous, c'est là que tout commence.

Emile Duport

Fabricant d'influence

Né en 1981, il était aux premières loges lors du quinquennat de François Hollande, en tant que leader des agitateurs pro-vies nommés les Survivants. Il fait son nom au sein de ce collectif de trolleurs dont les principaux faits d'armes sont des tracts de La Manif pour Tous inspiré de Mai 68 et la reprise d’Édith Piaf en hymne anti-mariage gay. Il est désormais bien plus discret en tant que directeur exécutif de Progressif Media. Son agence de communication « qui travaille avec des influenceurs, chrétiens oui, mais qui ne le sont pas au nom de leur confession ».

S'il regarde avec dédain la sphère des influenceurs catholiques, il est convaincu que le marché de la religion en ligne est sur le point d'exploser. C'était le seul représentant d'une agence de communication lors de la Nuit des Influenceurs.

Kriks 06

« Un mec cool qui aime Jésus »

Krikor, ce Niçois de 23 ans, chauffeur-routier le jour, explose les scores sur Tiktok avec près de 100 000 followers et plus de 6.4 millions de j'aime. Sa recette : des blagues, des blagues et encore des blagues autour de l'univers catholique « pour qu'on ne se dise pas qu'il n'y a que des vieux, des gens coincés qui ont la foi ».

Pas bouffon pour autant, il est très conscient du potentiel marketing de son audience, au point de se lier pendant un temps à TSP Agency, une agence de communication, pour gérer ses partenariats. En attendant que l'argent coule à flot, le mot d'ordre c'est « pas de prise de tête ». Krikor évite pour cela les sujets tabous et a lissé son humour car, pour lui, le but est bien d'en vivre.

Le Catho de Service

Influenceur pour débutant

La mèche toujours en place, le regard bleu perçant, le ton enjoué mais pédagogue et le sourire facile, Victor, alias Le Catho de service sur les réseaux, c'est un peu le meilleur ami du catholique qui débute. Son public ? « Ceux qui se posent la question de Dieu, qui acceptent ça, et pour qui c'est un trop gros pas d'aller voir un prêtre, d'entrer dans une église. »

Avec 9 000 followers sur Instagram, le jeune laïc de 23 ans s'attache à raconter la base des préceptes catholiques en vidéo face-caméra faites depuis son petit appartement parisien. Il a beau être encore étudiant - en théologie évidemment - , c'est son activité d'influenceur qui occupe la plupart de son emploi du temps. Depuis peu, elle lui permet même de remplir son frigo ! Un bonheur pour celui qui« parle juste de Dieu sur Internet ».

Timothée
de Rauglaudre

Journaliste d’enquête sur la religion

Journaliste indépendant, à 26 ans, il a déjà produit certaines des enquêtes les plus poussées sur l’Église chrétienne. Finaliste du prix Albert-Londres grâce à son livre Dieu est Amour sur les thérapies de conversion (2020), il a aussi travaillé sur les sectes et la théologie de la Libération. Invité à la Nuit des influenceurs,  et lui-même catholique revendiqué, il garde un œil attentif et critique sur le développement de ce milieu « assez dérégulé et sans filtre ».